terça-feira, novembro 24, 2020

O autor dos Cantos de Maldoror morreu há 150 anos...

 

  
Isidore Lucien Ducasse, mais conhecido pelo pseudónimo literário de Conde de Lautréamont (Montevidéu, 4 de abril de 1846 - Paris, 24 de novembro de 1870) foi um poeta uruguaio que viveu na França, considerado um precursor do surrealismo.
   
O seu poema Les Chants de Maldoror ("Os Cantos de Maldoror", em português), constituído de sessenta estrofes, é considerado uma obra seminal no campo da literatura fantástica, ainda que hoje escape a qualquer classificação.
Os críticos e o público, em geral, dividem-se quanto à classificação desta obra. Para alguns, foi um génio da literatura universal – André Breton considerava-o uma "revelação total que parece exceder as possibilidades humanas" e o considerou um precursor do Surrealismo; Léon Bloy, por seu lado, dava-o por louco, "uma ruína humana completa". Contudo, o autor foi-se transformando numa referência principalmente para intelectuais apreciadores do género mais subversivo da literatura, tornando-se um autor de culto.

 

 

LES CHANTS DE MALDOROR

CHANT PREMIER

chant 1 - strophe 1

Plût au ciel que le lecteur, enhardi et devenu momentanément féroce comme ce qu'il lit, trouve, sans se désorienter, son chemin abrupt et sauvage, à travers les marécages désolés de ces pages sombres et pleines de poison; car, à moins qu'il n'apporte dans sa lecture une logique rigoureuse et une tension d'esprit égale au moins à sa défiance, les émanations mortelles de ce livre imbiberont son âme comme l'eau le sucre. Il n'est pas bon que tout le monde lise les pages qui vont suivre ; quelques-uns seuls savoureront ce fruit amer sans danger. Par conséquent, âme timide, avant de pénétrer plus loin dans de pareilles landes inexplorées, dirige tes talons en arrière et non en avant. Écoute bien ce que je te dis : dirige tes talons en arrière et non en avant, comme les yeux d'un fils qui se détourne respectueusement de la contemplation auguste de la face maternelle; ou, plutôt, comme un angle à perte de vue de grues frileuses méditant beaucoup, qui, pendant l'hiver, vole puissamment à travers le silence, toutes voiles tendues, vers un point déterminé de l'horizon, d'où tout à coup part un vent étrange et fort, précurseur de la tempête. La grue la plus vieille et qui forme à elle seule l'avant-garde, voyant cela, branle la tête comme une personne raisonnable, conséquemment son bec aussi qu'elle fait claquer, et n'est pas contente (moi, non plus, je ne le serais pas à sa place), tandis que son vieux cou, dégarni de plumes et contemporain de trois générations de grues, se remue en ondulations irritées qui présagent l'orage qui s'approche de plus en plus. Après avoir de sang-froid regardé plusieurs fois de tous les côtés avec des yeux qui renferment l'expérience, prudemment, la première (car, c'est elle qui a le privilége de montrer les plumes de sa queue aux autres grues inférieures en intelligence), avec son cri vigilant de mélancolique sentinelle, pour repousser l'ennemi commun, elle vire avec flexibilité la pointe de la figure géométrique (c'est peut-être un triangle, mais on ne voit pas le troisième côté que forment dans l'espace ces curieux oiseaux de passage), soit à bâbord, soit à tribord, comme un habile capitaine; et, manoeuvrant avec des ailes qui ne paraissent pas plus grandes que celles d'un moineau, parce qu'elle n'est pas bête, elle prend ainsi un autre chemin philosophique et plus sûr.

 

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