Ce chercheur scientifique a marqué la minéralogie française. L'espèce
minérale naturelle de fluorophosphate d'aluminium et de sodium
monoclinique, de formule chimique NaAl(PO
4)F a été dénommée en 1914 par František Slavik, la
lacroixite en son honneur.
Biographie
Issu d'une famille de
pharmaciens et de
médecins, il s'intéresse dès le lycée à la minéralogie à travers les manuels de
René Just Haüy,
Pisani et
Dufrénoy.
Selon son propre témoignage, il a été dès sa prime enfance initié par
son grand-père, collectionneur féru de minéraux et minéralogiste
amateur, fin connaisseur des ressources minérales et géologiques du
département du
Rhône et du département de
Saône-et-Loire, en particulier du
Beaujolais natal.
À 18 ans, il est accepté comme membre de la
Société de minéralogie de France. Après un stage de
pharmacie (
1881-
1883),
pendant lequel il continue à étudier la minéralogie, il entre à l'école
de pharmacie de Paris. Les échantillons de minéraux qu'il offre au
service d'
Alfred Des Cloizeaux lui ouvrent les portes de son laboratoire. Dans le même temps, il assiste au cours de
Ferdinand Fouqué, professeur de
pétrographie au
collège de France, et s'initie aux méthodes de
microscopie utilisées en minéralogie. Il suit aussi les cours de
Charles Friedel à la
Sorbonne et de
François Ernest Mallard à l'
École des mines. Pendant l'été 1884, il effectue un voyage d'études en
Écosse et, l'année suivante, en
Norvège et en
Suède. En
1887, il visite l'
Italie du Nord, la
Sardaigne et l'
île d'Elbe.
Les échantillons qu'il rapporte s'ajoutent aux collections du Muséum et
du Collège de France. C'est à cette époque qu'il reçoit son diplôme de
pharmacien de
1re classe. Mais il décide de se consacrer à la minéralogie.
Il devient docteur es sciences en
1889
après avoir travaillé deux années comme préparateur au Collège de
France. Il voyage au Canada, en Italie, en Allemagne. Il succède à Des
Cloizeaux au Muséum d'histoire naturelle. Son travail permet à ce
département de minéralogie de devenir un centre de recherche de premier
plan. Chargé du service de la carte géologie des Pyrénées, il y découvre
la spécificité des minéraux des principales roches de surface en
parcourant la montagne. Il décide de mieux présenter les minéraux
silicates et
titanates des
roches éruptives, avant d'entreprendre une
Minéralogie de la France
volontairement la plus exhaustive, éditée à partir de 1892, avec l'aide
et l'appui discret de quelques dizaines de scientifiques français,
conscients du retard colossal de la science française depuis la fin des
années 1840. Dans cet opus de longue haleine, le minéralogiste veut
exposer la façon dont il comprend l'étude des minéraux, tout en
commençant un bilan des recherches minéralogiques du sol.
Son intérêt pour la minéralogie issue du
volcanisme
et sa nomination à diverses commissions scientifiques d'observation
volcanique, se déplaçant sur les sites pour comprendre les mécanismes et
les formations minérales, le pousse à voyager. Il visite l'île
volcanique de Théra dans l'
archipel de Santorin et participe à une mission officielle à la
Martinique après l'éruption de la
montagne Pelée en
1902.
En
1904, il est élu membre de l'
Académie des sciences, dont il devient le secrétaire perpétuel pour les sciences physiques en
1914, charge qu'il occupe pendant 34 ans. En
1906, il assiste à une éruption du
Vésuve et en
1908 à celle de l'
Etna. La
Société géologique de Londres lui décerne la
médaille Wollaston en
1917. Le rythme de ces voyages diminue, bien qu'il visite encore l'
Italie (
1924), l'
Espagne (
1926) et représente la France au congrès pan-pacifique de
Tokyo en
1926. En
1936, il cesse d'enseigner, mais continue à faire de la recherche et soutient des explorateurs comme les
spéléologues Norbert Casteret,
Alfred Chappuis ou
Émile Racovitza qui lui envoient des échantillons. Après la mort de sa femme en
1944, il continue de s'investir dans son laboratoire et c'est dans celui-ci qu'il meurt en
1948.
Ses études sont à l'origine de l'explication de la formation des dômes volcaniques et des
nuées ardentes. Parmi ses principales publications se trouvent la
Minéralogie de la France (et de ses colonies) (1893-1898-1904-1910-rééditions posthumes),
La Montagne Pelée et ses éruptions (1904), la
Minéralogie de Madagascar (1921).