"Ici on noie les algériens", cette inscrition a été effectuée quai de Conti, à Paris, dans les jours qui ont suivi le 17 octobre 1961 par un "Comité pour la paix en Algérie du quartier Seine-Buci". Cette photo, publiée tardivement, en 1985, dans l'Humanité, est devenue l'icône pour dénoncer le massacre.
Préparée en secret, la manifestation constitue un boycott du couvre-feu nouvellement appliqué aux seuls Maghrébins. Alors que les attentats du Front de libération nationale (FLN) frappent les forces de l'ordre depuis plusieurs mois, l'initiative, non déclarée aux autorités, se veut cependant pacifique. Le FLN, qui y voit un moyen d'affirmer sa représentativité, y appelle tous les Algériens, hommes, femmes et enfants, et leur interdit le port d'armes. Les défilés nocturnes sur les grandes artères de la capitale donnent lieu à des affrontements au cours desquels des policiers font feu. La brutalité de la répression, qui se poursuit au-delà de la nuit du dans l'enceinte des centres d'internement, fait plusieurs centaines de blessés et de nombreux morts. Le nombre de ces morts reste discuté: au fil des dernières décennies, les évaluations ont oscillé, entre les décomptes minimaux des rapports officiels et les estimations d'historiens assises sur des périodes plus ou moins larges, de 38 à plus de 200 morts.